Green is the New Black

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Salut,

J’espère que vous allez bien et que vous trépignez d’impatience à l’approche de la Fashion Revolution Week, en avril prochain ! Parce que la mode éthique est encore en marge de la production de masse et parce que chez Effleure, on aime beaucoup les gens qui se battent et défilent pour cette révolution vestimentaire, j’ai eu envie de vous présenter Mathilde et Léa, parties sur la route (littéralement) de la meilleure des modes possibles.

Elles sont jeunes, elles sont informées, elles sont passionnées et ont lancé le projet « Greenisthenewblack.fr » (« le vert est le nouveau noir », en anglais) qu’elles présentent ainsi :  Convaincues qu’une autre manière de s’habiller est possible nous avons décidé de partir à la rencontre des acteurs de la mode éthique et durable en Asie.

Si je ne les ai jamais rencontrées sinon par messages, c’est parce qu’elles sont en ce moment même au Cambodge, où elles ont déjà une dizaine de rendez-vous programmés avec les initiateurs de projets de mode fairtrade et écologique.

Je leur souhaite un excellent voyage, et à vous une tout aussi excellente lecture (vous recevrez même quelques conseils en fin d’article).

Céliane

P.S. Ah oui, je vous présenterai tout bientôt une nouvelle venue dans la petite équipe du blog !

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Plutôt passionnée de mode ou d’innovation sociale/éthique ?

Mathilde : Les deux je pense, quand j’étais petite je voulais être styliste, je dessinais des vêtements et je prenais des cours de couture. Aussi, j’ai toujours eu cette sensibilité environnementale à me demander ce qu’on pouvait faire pour sauver la planète.  Ce projet, c’était un peu un moyen de concilier les deux.

Léa : Passionnée de mode… mais pas n’importe laquelle !

Mon intérêt pour l’innovation sociale est arrivé après, lorsque l’on a commencé à entrer dans des réseaux comme celui de MakeSense. On s’est rendues à beaucoup d’événements différents autour des thématiques de la mode responsable, mais aussi sur l’entrepreneuriat et l’entreprise sociale et solidaire. On y a rencontré des changemakers et des gens inspirants qui avaient des projets sur des thématiques très variées : agriculture, santé, économie circulaire. Là est né mon intérêt pour l’innovation sociale au sens large. Et quoi de mieux que de se lancer dans un projet qui regroupe ses deux passions ?

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Pourquoi avoir choisi ce continent ?

L’Asie, c’est un peu l’usine du monde, c’est là que la majorité des grands groupes de mode produisent donc c’est d’autant plus intéressant de trouver des alternatives là-bas pour contrebalancer et prouver que c’est possible.

Pour le joli contraste entre les usines délocalisées des marques de Fast Fashion et les marques/usines responsables et éthiques. C’est aussi une région stratégique pour l’industrie du textile et donc impactée par les externalités néfastes qu’elle génère (pollution des cours d’eau, exploitation et conditions de travail, etc.) Et pour la logistique : 6 mois sur un même continent nous reviennent moins chers que de faire différents continents.

Vous partagez tout sur les réseaux sociaux ; est-ce que vous pensez que le tournant de la mode passera (aussi) par les réseaux sociaux ?

Il nous faut des influenceuses/eurs qui fassent la promotion d’une mode durable et non de la fast fashion pour donner aux gens l’envie de consommer mieux. Je pense que les réseaux sociaux sont une bonne stratégie : c’est le moyen le plus rapide et le plus économique pour atteindre un maximum de personnes.

Les consommateurs réagissent à ce qui les touchent personnellement, on essaie donc de les sensibiliser par l’image et en leur racontant les histoires des personnes et des marques que nous découvrons. Les réseaux sociaux nous permettent d’étendre notre communauté et de multiplier notre impact. Certaines de nos publications atteignent plus de 10 000 personnes et c’est la force des réseaux sociaux aujourd’hui. J’ai l’intuition que le changement se fera en grande partie grâce à l’innovation, les objets connectés (étiquettes à QR Code qui raconteront l’histoire des artisans, etc.). Je pense qu’il faut reconnecter les consommateurs avec les personnes qui fabriquent les produits. Notre projet et bien d’autres permettront de créer ce lien.

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Quelles sont vos attentes par rapport à la visite des usines ?

On a eu l’occasion de visiter deux usines en Inde. La première n’avait pas de rapport direct avec la mode responsable, mais les employés étaient mieux payés que la normale (4% à 70% plus élevé que le salaire moyen indien), des programmes pour valoriser les femmes ont été mis en place et une crèche était dans l’usine pour les enfants des employés.

Mais malgré ça, je suis sortie un peu bouleversée de cet endroit, l’usine employé 1300 personnes, il faut imaginer 4 étages de machines à coudre à la suite : « l’apogée du taylorisme » comme l’a souligné le fils du fondateur. Les tâches sont répétitives et aliénantes, une couturière va se concentrer sur l’ourlet de la manche et uniquement là-dessus et ça toute la journée, tous les jours de la semaine.

Je pense qu’on ne réalise pas assez la manière dont les vêtements sont conçus aujourd’hui, comme le disait si justement le fondateur de la deuxième usine « les gens pensent que les t-shirts poussent sur des arbres » ils n’imaginent pas les personnes derrière… Il fallait voir aussi la quantité de tissus qui faisait tourner nos têtes : je me suis demandé « comment en est-on arrivé là ? ». Il faudrait que tout le monde ait l’occasion de visiter une usine pour prendre conscience de ce/ceux qui se cache/nt derrière un t-shirt.

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avant la visite de la deuxième usine. Elle était assez exemplaire d’un point de vue social et environnemental, les employés étaient payés 40% à 110% de plus que le salaire minimum indien, et en collaboration avec une ONG ils bénéficiaient de training session pour apprendre à mieux gérer leur argent et pour connaître les premiers gestes de secours et se prémunir contre les piqûres de moustiques. L’usine était à taille humaine beaucoup plus petite que la première.

Nous avons déjà visité deux usines et devrions en visiter plus. Je pense que personne ne peut appréhender à l’avance ce qu’il découvrira derrière les portes d’une usine.

Les deux usines visitées avaient des degrés de « responsabilité » différents et le résultat sur place était palpable. Je pense que visiter une usine de textile rend concret tout le travail et l’effort derrière chaque pièce de vêtement produit. Cela fait un choc de voir les quantités astronomiques de tissus utilisées et les quatre étages où des milliers de personnes travaillent à la chaîne. La campagne « Who Made My Clothes ? » de Fashion Révolution fait écho à ces conditions de travail.

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Une rencontre marquante de ce début de voyage ?

Je dirais l’usine Dibella, lorsque nous avons rencontré le fondateur Sreeranga on aurait dit qu’il avait pensé à tout que ce soit sur le plan environnemental, mais aussi social. En juillet 2018, il ouvrira une troisième usine alimentée à 100% par des énergies renouvelables. Il utilise du coton 100% biologique, 100% recyclé à partir de vieux draps venus d’hôtels en Europe et du polyester 100% recyclé à partir de bouteilles plastiques.

Il travaille avec les fermiers à qui il reverse 10% des profits de l’entreprise et il met en place des programmes de scolarisation dans les villages. Même sa carte de visite est faite à partir de coton recyclé. Un vrai exemple qui vous redonne espoir !

Une rencontre importante a été celle avec la première entrepreneure… Aujourd’hui seulement nous pouvons nous rendre compte de la complétude de son initiative. A ce jour, nous n’avons pas rencontré de marque qui avait une transparence aussi totale de sa chaîne de production. Lukkaew a fondé la marque Folk Charm, des vêtements faits main par des artisans locaux à partir de matières premières naturelles. Elle connaît aussi bien les fermières productrices de coton chez qui elle se fournit que les fileuses qui teignent aussi les tissus (teintures végétales) ou qui produisent ses vêtements. La qualité des produits est irréprochable et son entreprise fonctionne très bien tout en préservant un savoir-faire thaïlandais qui se perd. La production est entièrement zéro-déchet, le packaging en papier 100% recyclé et les salaires supérieurs à la moyenne nationale.

Vos marques éthiques préférées (et pourquoi) ?

Ekyog je dirais, car c’est simple avec un côté ethnique. En Inde on a pu visiter l’usine dans laquelle la marque fabrique une partie de ses vêtements et cette usine est responsable d’un point de vue social et environnemental, une raison de plus d’être convaincues !

Mat & Natt pour les sacs et pochettes ! Faux cuir méconnaissable fait à partir de bouteilles plastiques recyclées, excellente qualité ; très beaux et très pratiques !

Pour une garde-robe minimaliste, il faut des pièces qui s’assemblent bien. Pour ça : des t-shirts et autres vêtements tout simples, faciles à porter, chez Le Basiq.

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Des conseils pour quelqu’un qui aurait envie de faire bouger la mode ?

Déjà, en tant que consommateur, sachez que si un t-shirt coûte 5 euros aujourd’hui en France, c’est qu’il y a un problème sur la chaîne de production… Regardez les étiquettes renseignez-vous, achetez moins et mieux, privilégiez les marques étiques : elles sont nombreuses à voir le jour en France. Favorisez les vêtements de seconde main dans les fripes ou les vide-dressings.

Sinon, vous pouvez vous engager dans une association comme Fashion Revolution qui encourage une mode plus durable.

S’informer est la clé. Une fois que l’on sait ce qu’il se cache derrière un t-shirt à 5 euros, on ne peut pas l’ignorer et je suis persuadée que d’avoir les informations en tête peut modifier la décision d’achat. Et oui, pour ceux qui voudraient s’engager, se rapprocher des groupes comme Fashion Revolution qui militent pour sensibiliser le grand public et agissent auprès des entreprises.

Et après, continuerez-vous à vous investir dans la mode éthique ? Comment?

Je pense, déjà en continuant de sensibiliser au maximum le grand public à travers nos réseaux sociaux et des conférences, pour un retour d’expérience. Et ensuite, pourquoi pas, lancer ma propre marque ? Je ne sais pas…

 Affirmatif ! Je pense que cette expérience terrain peut être valorisée et je me verrai bien faire du conseil parmi les acteurs de l’industrie de la mode en France ou ailleurs afin d’accompagner les entreprises dans leur « transition durable ». A mes yeux, le développement durable sera un élément stratégique incontournable pour toutes les entreprises et je veux participer à ce changement. Dans tous les cas, je veux m’engager et trouver un métier qui me permettra d’avoir un impact.

Leur projet génial  est à découvrir ici  !

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