Hugo, du Congo à Conouco

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Il se définit comme un touche-à-tout autodidacte et téméraire. Après avoir exercé plusieurs métiers, Hugo Lemoine s’est engagé durant trois ans en République démocratique du Congo comme travailleur humanitaire dans des zones à risque. À son retour en France, convaincu de la nécessité d’avoir un modèle économique équitable, il fonde Conouco, une marque de vêtements en lin bio fabriqués en France.

Rencontrez Hugo, ancien travailleur humanitaire et fondateur de Conouco

Première partie : La République démocratique du Congo

Tu as travaillé pour une ONG, était-ce comme bénévole ?

Avant, je travaillais pour des multinationales, je m’occupais de ce qui touchait à la climatisation et au chauffage, entre autres, et financièrement ça allait très bien.  Mais je voulais « partir à l’aventure », donc j’ai décidé de suivre une formation de six mois pour être professionnel dans l’humanitaire. Ensuite, j’ai trouvé un poste rémunéré dans une ONG en République démocratique du Congo. Je m’occupais par exemple de la distribution d’eau potable, de la construction de toilettes et de la sensibilisation à l’hygiène dans les camps de personnes déplacées de leur village. On peut dire que le lien entre mes deux métiers d’avant  « Conouco »,  c’était l’eau

Qu’est-ce qui a été le plus éprouvant ?

Moralement c’était dur parce que les habitants étaient en danger, leur situation était très instable. Nous, les membres de l’ONG, à la fin de la journée de travail, nous rentrions chez nous, mais on savait que certains habitants ne seraient pas là le lendemain ou auraient été victimes de violences. Par exemple, toi qui es une femme, tu aurais pu te faire violer alors que tu allais simplement aux toilettes derrière un buisson.

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Pourquoi les habitants que tu as rencontrés étaient-ils en danger ?

Parce que certains minerais que l’on utilise pour tous nos appareils électroniques – coltan, cassitérite, cobalt – valent tellement cher que des armées se font la guerre pour mettre la main dessus…  Sauf qu’au milieu de cette guerre, il y a les villages qui se font attaquer. Une grande partie de ces minerais provient du Congo… qui est l’un des pays avec l’indicateur de pauvreté le plus bas au monde. Si on commence à s’interroger sur l’origine des composants de nos appareils électroniques, on remarque que la République démocratique du Congo est partout autour de nous, mais qu’on ne la voit pas.

Est-ce que tu penses que la situation peut s’améliorer ?

Ce n’est pas fini, ça c’est sûr, mais oui, si les gens connaissent plus les faits, acceptent de changer de mode de vie ici, pour que la population du Congo ne soit pas exploitée là-bas, ça pourra s’améliorer. Le voyage, l’expérience professionnelle, tout ça m’a fait me dire que ce qui nous manque, ce sont les solutions concrètes. On a toutes les infos, tout le temps, mais une fatalité s’est installée, du genre « qu’est-ce qu’on peut y faire, je ne suis qu’un grain de sable dans le désert ? ». Au lieu de se laisser balayer par le vent, les consommateurs et les entreprises pourraient s’unir, joindre leurs efforts pour instaurer un modèle commercial plus équitable.

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Et pourquoi avoir quitté le Congo ?

Bien sûr, les habitants déplacés ou les villageois, s’ils ont soif et qu’on leur donne de l’eau, on les sauve. Mais ce qui me fâche vraiment c’est qu’on sauve cinq fois la vie à la même personne en une année, parce que les solutions sont souvent précaires. C’est un sparadrap sur une jambe de bois. Il faut maintenant s’attaquer à la cause du problème, pas seulement à ses effets.

Tu penses qu’on peut agir pour résoudre ces problèmes?

J’ai la hargne ; mon moteur c’est de me dire que pendant qu’on discute, il y en a qui meurent. Alors non, je ne pense pas qu’on peut agir… j’agis.

J’ai dans mon entourage des personnes en totale opposition au système et à notre économie mondialisée. Mais il est tellement puissant que si on va contre lui, on se fait « broyer ». Moi je veux accompagner le système pour l’aider dans sa transition. C’est sur cette base-là que j’ai décidé de créer une entreprise de mode  éthique: Conouco.

À suivre…

La semaine prochaine découvrez-en plus sur Conouco, la marque de mode éthique d’Hugo.

Céliane

 

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